Après plusieurs années de forte croissance, le modèle français d’apprentissage connaît son premier ralentissement majeur. Selon un rapport de l’INSEE, la France pourrait perdre près de 65 000 contrats d’apprentissage d’ici fin 2025.
Comme le souligne Le Parisien, cette baisse résulte des réformes récentes qui ont modifié l’équilibre du financement entre l’État et les entreprises.
Entre 2017 et 2024, le nombre de contrats d’apprentissage a triplé, atteignant 870 000 signatures. Ce dispositif était devenu un symbole du renouveau du marché du travail français. Désormais, son avenir est fragilisé.
De nouvelles règles pour les entreprises
Depuis juillet, les entreprises doivent cofinancer les contrats d’apprentis, au nom d’une plus grande « responsabilité budgétaire ».
Mais pour les petites et moyennes entreprises, ce changement signifie des charges supplémentaires, souvent difficiles à assumer.
L’INSEE estime que la réduction des subventions publiques entraînera la perte de 65 000 places d’apprentissage et une baisse de 51 000 emplois dans le secteur privé. Le secteur public, lui aussi, voit son dynamisme freiné par le gel des emplois subventionnés.
Un tournant social
L’institut note une hausse du sentiment d’insécurité économique, avec un niveau de crainte du chômage au plus haut depuis dix ans (hors période de pandémie).
Pour de nombreux jeunes Français, l’apprentissage représentait un ascenseur social — un moyen d’accéder au travail sans diplôme universitaire. Sa contraction risque donc de freiner la mobilité sociale et de creuser les inégalités.
Un choix de société
Les experts parlent d’un changement de paradigme :
l’État veut réduire les dépenses, les entreprises se montrent prudentes, et la jeunesse voit se fermer les portes de l’emploi.
La France, autrefois modèle européen de formation duale, se trouve aujourd’hui face à un dilemme :
préserver la discipline budgétaire ou sauver le système qui prépare l’avenir de ses générations.
