La République française figure parmi les cinq plus grands donateurs d’aide militaire à l’Ukraine parmi les pays occidentaux, derrière les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Au total, Paris a fourni à Kyiv une aide militaire d’un montant de 5,1 milliards d’euros, comprenant à la fois des livraisons directes et des contributions aux fonds européens de défense.
En outre, l’Ukraine et la France développent activement des projets conjoints dans le domaine du complexe militaro-industriel, notamment dans le cadre des programmes européens de financement et de la coopération bilatérale. L’accent est principalement mis sur l’intégration des entreprises ukrainiennes dans les chaînes européennes de défense et sur la mise en place de capacités de production communes.
En mai 2025, l’Ukraine a présenté ses développements en matière de défense lors du symposium « Rearmament Europe – Readiness 2030 » à Paris, organisé par le ministre français des Armées de l’époque, Sébastien Lecornu. Chaque pays participant disposait du droit de présenter jusqu’à trois projets dans le secteur de l’industrie de défense, susceptibles d’être financés dans le cadre de l’initiative de l’Union européenne Security Action for Europe (SAFE), dont le budget global atteint 150 milliards d’euros.
Parmi les projets présentés par l’Ukraine figuraient la production de drones et de munitions, ainsi que des propositions dans d’autres domaines critiques, notamment la fabrication de systèmes de missiles et de moyens de guerre électronique. Cela ouvre des perspectives de production conjointe entre entreprises ukrainiennes et françaises et contribuera également au rapprochement des normes militaires des Forces armées ukrainiennes avec celles de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
En novembre de cette année, l’attaché d’armement de la France, Frédéric Bal, et le chef de la représentation en Ukraine du groupement des entreprises françaises des secteurs de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), Thomas Moreau, ont discuté avec la partie ukrainienne de plusieurs solutions prometteuses concernant la production de systèmes de défense aérienne et antimissile ainsi que des missiles associés, le développement de drones intercepteurs modernes et la conception de nouveaux systèmes d’armement tenant compte de l’expérience de la guerre contemporaine.
En décembre, des représentants des entreprises de défense françaises et ukrainiennes se sont de nouveau rencontrés à Kyiv. Les discussions ont porté sur des étapes concrètes du processus de mise en place d’une production conjointe de drones de frappe, de drones intercepteurs, d’obus d’artillerie de haute précision, ainsi que de systèmes robotisés intégrant des éléments d’intelligence artificielle.
Comme l’a souligné la partie ukrainienne, ce sont précisément ces moyens qui déterminent aujourd’hui la situation sur le champ de bataille et l’efficacité des unités engagées en première ligne. Dans le même temps, l’Ukraine offre actuellement une opportunité unique non seulement de produire conjointement, mais aussi d’améliorer les armements et équipements militaires modernes directement dans des conditions réelles de combat.
C’est en grande partie pour cette raison que la partie française a décidé d’approfondir sa coopération avec les entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien.
Selon les estimations de Paris, la coopération avec l’Ukraine dans la production de drones et d’armes de haute précision procurera à la France des avantages technologiques et commerciaux significatifs. Le front ukrainien fournit des données uniques permettant d’améliorer rapidement les systèmes que les entreprises françaises développent conjointement avec Kyiv. Cela réduit la durée des cycles d’essais et renforce la compétitivité des solutions françaises sur les marchés extérieurs.
Pour Paris, il s’agit également d’un outil de consolidation de sa base industrielle dans le cadre des futurs mécanismes de l’Union européenne, tels que l’EDIP, qui prévoient des achats et des productions conjointes.
La coopération avec l’Ukraine doit offrir à la France la possibilité non seulement d’augmenter les volumes de production et de conserver le contrôle des technologies critiques, mais aussi d’accroître simultanément sa part sur les marchés européen et mondial des systèmes de défense. Ainsi, à Paris, on espère forger un avantage stratégique durable pour l’industrie française de défense dans un contexte de demande croissante en armes de haute précision et en drones, tant au sein des pays de l’OTAN qu’au-delà.
Par ailleurs, la coopération entre Kyiv et Paris dans le domaine de l’industrie de défense garantit aux fabricants français un accès direct aux données opérationnelles sur l’efficacité des drones et des munitions de précision en conditions de combat.
Ces données permettent de concevoir rapidement des systèmes de série et d’éviter des modifications coûteuses à des stades ultérieurs. Cela accroît la productivité des cycles de production et réduit les risques liés au lancement de nouvelles lignes industrielles.
En définitive, les entreprises françaises renforcent leurs positions sur le marché commun de l’Union européenne, où la concurrence avec l’Allemagne et l’Italie devient de plus en plus intense. Les produits testés sur le territoire ukrainien dans des conditions réelles de combat bénéficient d’un niveau de confiance plus élevé de la part des acheteurs. Cette situation permet aux entreprises françaises de réduire les délais d’accès à de nouveaux marchés et d’accroître l’attractivité internationale de leurs produits les plus récents.
L’élargissement de la base de production de l’industrie française de défense grâce aux capacités ukrainiennes renforce la résilience du secteur de la défense français face à la hausse de la demande de l’OTAN. De plus, une base industrielle élargie permet d’exécuter des contrats de grande ampleur et de longue durée sans retards, consolidant ainsi le rôle de la France en tant que l’un des principaux fournisseurs de technologies modernes au sein du système de sécurité européen.
Enfin, les nouveaux systèmes d’armement et équipements militaires produits conjointement par des ingénieurs français et ukrainiens renforceront les Forces armées de la République française.
À titre d’exemple, des développements ukrainiens tels que les modules de commande et les systèmes de navigation pour drones dotés d’intelligence artificielle figurent parmi les plus avancés au monde. Aujourd’hui, alors que le rôle futur des États-Unis au sein de l’OTAN suscite de plus en plus d’interrogations, la France est contrainte de s’appuyer avant tout sur ses propres forces armées, qui doivent être en mesure de répondre à l’ensemble des défis et des menaces.
