À l’issue de sa visite d’État en Chine, Emmanuel Macron a haussé le ton. Dans un entretien accordé aux Échos, le président français prévient Pékin : si la Chine ne prend aucune mesure pour réduire son immense excédent commercial avec l’Europe, Bruxelles pourrait imposer de nouveaux droits de douane « dans les prochains mois ».
« Je leur ai clairement dit que sans réaction de leur part, nous serions obligés de prendre des mesures fortes », confie Macron, évoquant une situation devenue intenable pour l’industrie européenne.
Un déficit abyssal qui inquiète Paris et Bruxelles
Lors de ce déplacement achevé le 5 décembre, la priorité de l’Élysée était évidente : obtenir un rééquilibrage des échanges. L’Europe affiche un déficit commercial dépassant 300 milliards d’euros vis-à-vis de la Chine, dont près de 50 milliards pour la seule France.
Pékin concentre désormais quasiment la moitié du déficit commercial français, un poids que Paris juge « insoutenable ».
L’Europe prête à “décoopérer” comme Washington
Macron indique avoir discuté avec Ursula von der Leyen d’une possible riposte coordonnée :
• droits de douane ciblés,
• remise en question de certaines coopérations économiques,
• et une stratégie d’ajustement similaire à celle des États-Unis.
Mais Macron souligne aussi que la méthode américaine détourne une partie des flux chinois… vers le marché européen, accentuant encore la pression.
Une menace pour le cœur du modèle industriel européen
« La Chine bouscule le cœur même de notre modèle industriel, fondé sur la machine-outil et l’automobile », martèle le président français. L’Europe, prise « entre la stratégie agressive de Pékin et le protectionnisme de Washington », serait devenue « le marché d’ajustement ».
Le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin, abonde dans ce sens :
« La Chine défie notre modèle industriel. On ne peut plus rester spectateurs. Il faut des décisions fortes pour sécuriser nos chaînes de valeur ».