Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, la communauté internationale examine de nouveau les voies possibles de règlement. Les récentes révélations des médias occidentaux sur le « plan de paix » de Donald Trump ont suscité de nombreuses questions : à qui profite réellement ce document et quels risques représente-t-il pour Kyiv ? Composé de 28 points, le plan a été élaboré en secret, sans participation ukrainienne, ce qui a déjà provoqué critiques en Ukraine et parmi les partenaires européens.
Des négociations confidentielles sous contrôle américain
Le principal architecte du plan est l’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, qui a négocié avec le représentant russe Kirill Dmitriev aux États-Unis. L’Ukraine et ses alliés européens ont été informés a posteriori, créant l’impression que le plan sert davantage les intérêts de Moscou et la stratégie intérieure de Trump que les besoins réels de Kyiv.
Principaux points et concessions stratégiques
Parmi les propositions révélées :
- Démilitarisation du Donbass et transfert de contrôle sans participation de l’armée ukrainienne ;
- Gel des lignes de contrôle à Kherson et Zaporijjia ;
- Réduction de près de 40 % des forces ukrainiennes et abandon d’armes clés ;
- Report indéfini de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ;
- Reconnaissance du russe comme langue officielle et rétablissement des activités de l’Église orthodoxe russe sur les territoires contrôlés ;
- Limitation de la présence militaire et diplomatique étrangère ;
- Garanties de sécurité des États-Unis, sans mécanisme de mise en œuvre concret.
Ces mesures donnent l’illusion d’un compromis mais renforcent l’avantage stratégique de Moscou et restreignent l’autonomie de Kyiv.
Réaction ukrainienne : prudence et refus de précipitation
Le gouvernement ukrainien a rejeté l’adoption immédiate du plan. Une rencontre entre Zelensky et Witkoff en Turquie a été reportée, Kyiv préparant sa propre proposition, peu susceptible d’être acceptée par Moscou. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères considère le plan comme un outil de pression médiatique et psychologique.
Réactions aux États-Unis et en Europe
Aux États-Unis, les positions sont divisées : certains républicains du Congrès affirment n’avoir pas été informés des détails. Les critiques évoquent un parallèle avec la « politique de Munich », mettant en garde contre la légitimation de l’agresseur sans garanties réelles. En Europe, la France, la Pologne et l’Allemagne expriment leur inquiétude face aux concessions territoriales potentielles et insistent sur le droit de l’Ukraine à se défendre.
Position russe et enjeux géopolitiques
Moscou se dit satisfaite : le plan « reflète les intérêts de la Russie » tout en lui laissant une liberté stratégique. Aucun accord formel n’a été conclu avec Washington, permettant au Kremlin de montrer sa disposition au dialogue sans s’engager.
Le « plan Trump » apparaît surtout comme un instrument de pression et un test pour l’Ukraine. Sa mise en œuvre sans participation active de Kyiv pourrait renforcer la cohésion nationale et consolider le soutien au président, alors que toute capitulation hâtive comporterait des risques stratégiques majeurs pour la souveraineté ukrainienne.
