La radiologie libérale se soulève. Ce lundi, 70 à 80 % des radiologues cessent leur activité, selon la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Le syndicat affirme une mobilisation « à 100 % » dans plusieurs départements, notamment l’Alsace, la Côte-d’Or, la Creuse, la Dordogne, la Gironde ou la Haute-Vienne. La grève atteint aussi le Var, le Finistère et la Seine-Maritime. Mais elle reste plus faible en région parisienne.
D’après Libération, le conflit explose après la décision de l’Assurance maladie d’imposer une baisse des tarifs des actes d’imagerie remboursables. Jean-Philippe Masson, président de la FNMR, dénonce une mesure injuste. Et il souligne que les autorités réquisitionnent « une majorité » des 130 cabinets liés à des cliniques d’urgences.
Les débats parlementaires sur le PLFSS 2026 aggravent la tension. La profession s’indigne, car un amendement écologiste impose 100 millions d’euros d’économies supplémentaires dans les secteurs jugés rentables : radiologie, biologie, radiothérapie, médecine nucléaire et dialyse.
Le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, défend pourtant la réforme. Il affirme que ces baisses n’affecteront pas « la viabilité de la radiologie ». Il rappelle que les radiologues libéraux perçoivent une rémunération presque double de celle des autres médecins et 38 % plus élevée que la moyenne des spécialistes. Il précise aussi que les réductions tarifaires — soit 300 millions d’euros d’ici 2027 — ralentiront seulement la progression des dépenses.
La FNMR s’oppose frontalement à cette logique. Elle annonce un recours contre la nouvelle grille tarifaire et propose de cibler plutôt la pertinence des soins, donc la lutte contre les examens inutiles. Le syndicat craint une réduction des horaires d’ouverture ou des fermetures de cabinets, surtout dans les zones rurales. L’Assurance maladie met pour sa part en garde contre une financiarisation du secteur, qui favoriserait l’emprise d’investisseurs financiers au détriment des médecins. Les deux camps affirment vouloir reprendre les négociations, mais aucun ne cède sur l’essentiel. La crise s’installe donc durablement, révélant un secteur stratégique et fragilisé.
