Présenté comme une énergie locale, circulaire et écologique, le biogaz séduit pouvoirs publics et investisseurs. Subventionnée massivement, la méthanisation attire désormais les géants de l’énergie fossile. TotalEnergies, BP et Shell ont investi des milliards pour bâtir des méthaniseurs géants, loin du modèle agricole initialement promu.
L’enquête du Monde révèle une réalité bien différente. À Cérilly, en Côte-d’Or, le plus grand méthaniseur de France, exploité par la société Nature Energy, engloutit chaque année 180 000 tonnes de seigle, cultivé non comme déchet, mais comme culture dédiée. Le site ressemble davantage à une usine qu’à un outil au service de l’agriculture durable.
Les entreprises promettent une transition énergétique vertueuse. Dans les faits, elles favorisent une industrialisation du vivant, accentuent la pression sur les sols et contournent les recommandations environnementales de l’État.
Loin de réduire l’impact écologique, ces projets posent la question du bilan carbone réel, de la concurrence avec l’alimentationet de la dépendance aux subventions publiques.
Cette ruée vers le biogaz interroge le sens même de la transition énergétique. Derrière le discours vert, une logique industrielle domine.
Et une question demeure : le biogaz peut-il encore se dire renouvelable lorsqu’il se coupe de ses promesses originelles ?
