Dmitriev, le stratège invisible : quand un banquier devient architecte du narratif de Moscou

Kirill Dmitriev sort enfin de l’ombre. Le banquier proche de Vladimir Poutine s’impose comme un acteur clé dans les négociations autour de l’Ukraine. Il corédige un projet d’accord très favorable à Moscou, puis l’expose aux médias. Ce geste, volontaire ou non, permet à la version russe de s’installer comme point de départ du débat public. Dmitriev joue donc une carte politique fine et construit un récit stratégique, loin d’un simple rôle technique.

Selon FranceInfo, l’homme, pourtant issu de la finance, cultive depuis longtemps un réseau transatlantique, grâce à ses liens avec Jared Kushner et son ancrage dans les cercles proches de Donald Trump. Ce mélange d’influence économique et de proximité politique lui offre une position idéale pour tisser un canal discret entre le Kremlin et Washington. L’hiver dernier, Poutine lui confie même la mission d’envoyé spécial pour les investissements à l’étranger, un titre qui lui permet d’agir en intermédiaire privilégié.

Dmitriev soigne aussi son image, notamment sur X et Instagram, où il diffuse un discours calibré. Et lorsque Washington lève discrètement les sanctions à son encontre, il rencontre l’homme d’affaires Steve Witkoff en Floride, où naît, selon la presse américaine, le fameux plan de paix.

Cependant, Dmitriev ne fait pas l’unanimité. À Moscou, Sergueï Lavrov le considère comme un rival. À Riyad, le ministre russe des Affaires étrangères refuse même de lui laisser une chaise. Ce conflit interne révèle une chose : Dmitriev avance dans les zones grises, mène une stratégie parallèle, et influence les coulisses des négociations, sans jamais agir comme un diplomate classique.

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