Selon Le Figaro, Frank Gehry est mort à 96 ans et le monde de l’architecture perd un esprit indomptable. Et pourtant, jusqu’au bout, il repousse les limites. La Fondation Louis Vuitton, nuage de verre posé au bord du bois de Boulogne, incarne son testament. Elle résume son audace, son goût pour les formes brisées, ses recherches sans relâche.
Après Bilbao et son Guggenheim devenu moteur urbain, Gehry crée encore la tour Luma à Arles. Trois « rochers » métalliques, 11 800 briques d’acier, une folie assumée. À 88 ans, il avance, il invente, et il surprend.
Il reçoit le prix Pritzker en 1989, puis le Lion d’or en 2008, mais il refuse la posture du maître installé. Il préfère s’entourer d’artistes, penser la ville, confronter l’industrie et la poésie. Il cherche. Il expérimente. Il tord la matière, comme s’il voulait tordre le monde.
Dans les années 1990, le numérique lui ouvre un champ immense. Il l’utilise, mais il prévient : « l’image d’ordinateur reste froide ». Alors il sculpte, il assemble, il travaille à la main. De là naît la « tête de cheval » de la DZ Bank à Berlin, prouesse unique.
Né à Toronto, arrivé aux États-Unis à 17 ans, Gehry forge sa liberté en combattant les normes. Sa maison de Santa Monica, bricolée de bois et de tôle, devient un manifeste. Ensuite, ses musées, ses salles de concert, ses maisons, ses tours racontent une même idée : l’architecture doit vivre, se découvrir, surprendre.
Gehry l’a dit souvent : « J’étais un progressiste engagé et j’aimais l’art. Cela a fait de moi un architecte. »
Aujourd’hui, c’est une voix majeure qui s’éteint, mais une œuvre qui continue de défier le temps.
