Vladimir Poutine affirme ne «pas vouloir faire la guerre à l’Europe», tout en ajoutant : «Si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant.» Cette formule résonne comme une provocation stratégique. Le chercheur Dimitri Minic rappelle que, dans la culture politico-stratégique russe, la guerre ne se limite pas aux armes. D’après Le Figaro, elle inclut des pratiques hybrides, plus discrètes, mais redoutablement efficaces.
Depuis les années 1990, des théoriciens militaires russes développent l’idée du «contournement de la lutte armée». Ils privilégient l’influence, la désinformation, la pression économique, les opérations cyber et la manipulation politique. La Russie avance ainsi ses intérêts sans déclencher un conflit déclaré. Minic souligne que ce mode opératoire structure aujourd’hui les doctrines russes et s’inscrit au cœur de la stratégie du Kremlin.
Lorsque Poutine prétend ne pas vouloir affronter l’Europe, il omet que le conflit hybride se déploie déjà : campagnes d’ingérence, attaques informatiques, pressions énergétiques, actions d’intimidation. Pour Moscou, la guerre commence bien avant l’usage des armes. Elle vise à affaiblir l’adversaire, à tester sa cohésion et à imposer un rapport de force constant.
Ainsi, l’IFRI estime que la déclaration du président russe sert à légitimer une guerre diffuse, déjà active, tout en rejetant la responsabilité d’une éventuelle escalade sur l’Europe. Une rhétorique qui renforce la stratégie de puissance du Kremlin.
