Poutine transforme le pouvoir en affaire de famille

Un article d’investigation de Proekt relance le débat sur le népotisme au sommet de l’État russe. Le média révèle que Vladimir Poutine confie des postes clés à au moins 24 membres de sa famille élargie. Des figures comme Alina KabaevaAnna TsivilevaMikhaïl Poutine ou Viktor Khmarin occupent désormais des fonctions stratégiques dans l’énergie, la défense ou les médias. Cette vague de nominations montre une tendance lourde : le président consolide un pouvoir familial.

Les experts interrogés décrivent une évolution progressive. Jeff Hawn rappelle une première phase technocratique, puis un virage enclenché en 2014, après l’annexion de la Crimée. Plus le régime glisse vers l’autocratie, plus Poutine renforce les liens de sang

Stephen Hall explique : « C’est avant tout une question de confiance, et les membres de la famille n’ont pas d’autres loyautés que vers lui. »

La méfiance vis-à-vis des siloviki, son cercle sécuritaire, accentue encore cette préférence familiale.

La guerre contre l’Ukraine agit comme un accélérateur. Jeff Hawn analyse la transformation du système : autrefois, le Kremlin achetait la loyauté par le patronage, mais la diminution des ressources rend la nomination des proches plus simple et plus fiable. L’entourage familial se déploie ainsi dans tout l’appareil d’État : médias, énergie, armée, infrastructures culturelles.

Cette tendance rappelle les logiques de pouvoir de l’ère Eltsine, voire celles des tsars. Mais les chercheurs soulignent que Poutine ne construit pas une dynastie comparable au Kazakhstan, où des clans familiaux tentent d’assurer une succession. Le président russe privilégie surtout la stabilité interne, l’ultra-confiance et la fermeture du système autour de son clan.

Le « népoutisme » devient donc une clé de lecture essentielle pour comprendre l’évolution du pouvoir russe. Et Proekt promet d’autres révélations.

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